Mark Zuckerberg, le patron qui défie l’Australie

04'16'' - Première diffusion le 19/02/2021
La décision de Facebook suscite un tollé en Australie mais qu'importe. La firme californienne met ses menaces à exécution. Elle est bien décidée à protéger son modèle économique basé sur un contenu gratuit et des revenus issus de la publicité.
En bloquant les articles de presse, Facebook et son emblématique patron Mark Zuckerberg, ne prennent d’ailleurs pas de risque majeur au niveau financier. Les contenus issus des médias ne sont qu'une petite partie de ce qui est partagé sur le réseau social. Pour le reste, Facebook continue de fonctionner normalement.
« Sans diplomatie, sans tact, sans prévenir »
Cela montre aussi que Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook et seul maître à bord avec ses 60% des voix au conseil d’administration, peut faire preuve d’une certaine brutalité pour défendre ses intérêts. « Son allégeance première, elle est d’abord envers sa créature, son entreprise, » rappelle Julien Le Bot, journaliste et auteur d'un livre intitulé Dans la tête de Mark Zuckerberg. « Sans diplomatie, sans tact, sans prévenir, il a mis à exécution une sanction pour montrer son désaccord avec ce qui se joue en Australie. C’est une façon aussi de faire un exemple aussi pour le reste du monde dans les relations que peuvent entretenir les réseaux sociaux avec les éditeurs de presse, » estime-t-il.
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La situation dans le pays est en effet très scrutée à l'étranger. Les autres pays observent avec attention l'évolution de la législation avant d'envisager d'adopter des mesures similaires. Depuis leur apparition il y a une vingtaine d’années, les géants du web comme Google ou Facebook sont très peu réglementés et aujourd’hui, Facebook est devenu un géant omniprésent. Même les gouvernements en sont dépendants.
« Une situation de toute puissance »
Le blocage décidé par l’entreprise par exemple affecté les services de sécurité australiens. Comme les autres médias, certaines pages officielles du gouvernement pour prévenir les habitants de feux de brousse, de cyclone ou pour informer sur la pandémie de coronavirus, ont été, elles aussi, bloquées. Julien Le Bot estime que Mark Zuckerberg sait qu'il est puissant. Suffisamment, pour défier un État. « C’est quelqu’un qui est peu prompt à négocier et vu la puissance de feu de son entreprise, se permet des choses que d’autres chefs d’entreprises ne se seraient pas permis. On a une situation de toute puissance d’une plateforme car depuis des années on a laissé faire et elle est devenue une des briques du fonctionnement de notre monde. Et elle est dirigée par une personne qui est quelque part convaincue que ce qu’elle fait et la manière dont elle mène les affaires pour Facebook est dans l’intérêt du monde entier et quand Mark Zuckerberg n’est pas d’accord, il le fait savoir. »
Vague de défiance
Pourtant cette décision a déclenché la colère du gouvernement et de la population et son image s’est dégradée au fil des ans. La vente des données personnelles des utilisateurs, les fake news qui pullulent sur le réseau social, ses entreprises qui échappent à l’impôt… L’absence de moralité dans sa manière de diriger son groupe a suscité une vague de défiance. En témoigne la réapparition des hashtags #DeleteFacebook (Supprimez Facebook en français) ou #BoycottZuckerberg. Il y a dix ans pourtant, Mark Zuckerberg était érigé en exemple et même considéré comme un possible prétendant à la présidence américaine.
Qu’importe. Car Facebook, c'est aussi Instagram ou encore WhatsApp.... Le groupe reste en position de force. Et Mark Zuckerberg reste un homme d'affaires, sûr de lui. En 2017 devant les étudiants d’Harvard il déclarait « Faisons de grandes choses, pas seulement pour le progrès mais pour faire sens ». Aujourd’hui pour défendre sa vision il se lance donc dans une guerre avec ceux qui veulent réglementer les géants du numérique. La bataille ne fait que commencer.
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Опубликовано 02/03/2021 - Изменено 02/04/2021 - По Jeanne Richard