
Avec notre correspondant à Kiev, Camille Magnard
Face à cette pandémie, les autorités ukrainiennes ont pris des mesures très strictes, notamment la mise en quarantaine de tout le tiers ouest du pays et la fermeture de toutes les écoles. Une réaction qui étonne alors que les médecins de l'OMS en Ukraine se veulent rassurants. Oui mais voilà, l'Ukraine est en pleine campagne électorale en vue de la présidentielle de janvier 2010. Et forcément, la grippe contamine le débat politique ukrainien.
« C'est une pandémie politique », s'emporte le candidat à la présidentielle Arseniy Yatseniouk. Pour lui, relégué aux seconds rôles dans les sondages, ce raz-de-marée grippal, mais surtout l'emballement politique et médiatique qui l'accompagnent, ont tout du mauvais coup électoral. Tous les rassemblements publics ont été interdits pour trois semaines alors que les déplacements à l'intérieur du pays sont limités et que la population vit recluse dans une ambiance de panique collective. Sergiy Tigipko, lui aussi candidat, s’emporte : « On utilise l'épidémie de grippe pour faire oublier les vrais problèmes du pays ».
L'ampleur des mesures prises, les plus drastiques en Europe, étonne en effet alors que l'épidémie n'est pour le moment pas beaucoup plus mortelle que la grippe saisonnière habituelle. Les politologues ukrainiens le confirment à demi-mot, la surmédiatisation de cette grippe fait sans doute partie du kit de campagne de la Première ministre Ioulia Timochenko. Elle, qui fait tout pour apparaître comme l'infirmière en chef du pays, est l'une des deux favoris pour la présidentielle du 17 janvier. Mais ses rivaux eux aussi profitent de la pandémie pour l'attaquer. Le président sortant, Viktor Iouchtchenko, réclame déjà l'ouverture d'une enquête contre X pour « négligence criminelle ».
Опубликовано 16/10/2015 - Изменено 28/10/2015