Le Covid-19, au cœur de la guerre de l’info entre Washington et Pékin

3'57'' - Première diffusion le 08/05/2020
Il est loin le temps où l’on s’interrogeait sur la capacité de Xi Jinping à traverser la crise, tout en maintenant son pouvoir autocratique sur la Chine et ses ambitions internationales. Le fait est que la Chine, première touchée est aussi la première à en sortir, ce qui lui donne une longueur d’avance sur la principale puissance rivale que sont les Etats-Unis. D’où l’exaspération de Donald Trump, embarqué bien avant l’émergence du virus dans un véritable bras de fer commercial avec Pékin.
Ces éléments de contexte permettent peut-être d’expliquer le caractère offensif des déclarations de la présidence américaine. Si bien qu’aujourd’hui, le président Trump accuse explicitement la Chine d’être à la source de la pire attaque que les Etats-Unis aient jamais connu, pire que Pearl Harbor a-t-il dit ce jeudi, faisant référence à l’attaque surprise du Japon ayant provoqué l’entrée en guerre de son pays en 1941, pire que l’attaque des tours jumelles du World Trade Center ayant justifié l’intervention américaine en Afghanistan. C’est dire le ton martial de ces déclarations visant Pékin.
Escalade verbale américaine
Donald Trump invoque des preuves permettant d’attribuer au laboratoire de haute sécurité de Wuhan l’origine de la pandémie. Une thèse non corroborée par les services de renseignements américains et leurs alliés anglo-saxon, mais confortée cette semaine par le secrétaire d’Etat Mike Pompeo, qui a parlé « d’énormes preuves »… qu’il s’est bien gardé de dévoiler, et dont l’existence est en fait contestée par certaines sources au sein des services américains.
Et puis rappelons que si l’administration américaine s’emploie aujourd’hui à accuser Pékin, en fait cela fait longtemps que les milieux d’extrême droite américaine, des sites en ligne tels que Breibart News, Infowars, ou Zero hedge, ont entonné ce refrain, persuadés que se produirait l’effet Chernobyl, c’est-à-dire un ébranlement du régime suite à cette catastrophe. Mais au bout de trois mois, l’on s’aperçoit, qu’au contraire de l’URSS, la Chine de Xi Jinping pourrait bien malgré tout réussir le tour de force de la sortie de crise.
La réplique de Pékin
La Chine a beau jeu de crier au mensonge. Elle ne contribue vraiment pas à ce que la lumière soit faite sur le départ de l’épidémie. Evidemment quand Mike Pompeo déclare « il faut que nous puissions aller là-bas », les Chinois rétorquent « et vous nous laissez inspecter vos labo ? » Dans un premier temps, la Chine a donc renvoyé la balle avec force, accusant les États-Unis d’avoir apporté le virus à Wuhan lors des jeux militaires du mois d’octobre.
Puis la communication chinoise s’est un peu calmée, il faut dire que les Américains ne sont pas seuls à reprocher leur manque de transparence aux chinois. Pékin tarde aussi à répondre aux demandes d’investigation de l’Organisation mondiale de la santé. La position chinoise est d’autant plus difficile à tenir que l’on sait pertinemment que l’information sur les premiers clusters de pneumonie d’origine suspecte dans la région de Hubei n’est pas venue de Pékin mais des services de l’OMS. Le système d’intelligence épidémique de l’OMS a mis la main sur cette information le 31 décembre dernier. En même temps que Taiwan. D’où ces derniers tenaient ils leurs informations ? La veille, des médecins chinois donnaient l’alerte, au péril de leur vie, et de leur liberté. Mais Pékin n’avait alors rien à déclarer, jusqu’à ce que l’OMS l’interpelle sur ces premiers cas d’infection.
Alors quand les responsables chinois reprochent au président américain de ne penser qu’à sa réélection, ce n’est sans doute pas faux, mais c’est un peu court.
Опубликовано 07/07/2020 - Изменено 07/07/2020 - По Sophie Malibeaux