La Turquie sous la menace d'un séisme majeur

03'53" - Première diffusion le 05/03/2017
Les séismes de février et mars 2017 n’ont pas fait de victimes, mais les Turcs ont toujours en mémoire le séisme de 1999 qui avait notamment frappé la région d’Istanbul. Il avait fait au moins 17 000 morts et plus de 100 000 personnes avaient vu leur résidence s’effondrer. Une catastrophe qui avait révélé plusieurs problèmes dans la gestion des catastrophes naturelles et la corruption notamment du secteur de la construction. Des milliers de bâtiments avaient été construits sans respecter les normes antisismiques !
Il y a eu plusieurs petites secousses sur la côte de la mer Egée par exemple, une dizaine en l’espace de quelques jours, ou encore à Adiyaman, dans le sud du pays où un séisme plus important a atteint près de 6 sur l’échelle de Richter. Seuls des dégâts matériels sont à déplorer, quelques bâtiments qui se sont effondrés, mais cette activité sismique récente renforce l'attente d’un séisme majeur qui pourrait toucher Istanbul, située à quelques kilomètres à peine d’une faille sismique.
La Turquie parée à faire face à une importante catastrophe naturelle
En théorie la Turquie est davantage prête que lors du séisme de 1999. Le pays est divisé en une trentaine de zones de surveillance et d’intervention en cas de séisme. À Istanbul sont installés des centres d’intervention qui sont théoriquement prêts à réagir à la « seconde zéro » ; des réserves d’eau potable et de nourriture sèche sont réparties dans des bâtiments antisismiques à travers la ville et un réseau de communication parallèle par satellite est prêt à être déployé si le réseau téléphonique était coupé. Il existe également un système de coupure quasi-instantané des réseaux de gaz et dans chaque micro-quartier il y a un îlot de sécurité bien identifié où les habitants doivent se rassembler en cas de séisme.
Le pays a donc une vraie préparation en amont, ainsi qu'une culture de prévention face aux séismes. Dans les écoles et sur les lieux de travail, on suggère par exemple aux Stambouliotes de toujours avoir à côté du lit une bouteille d’eau, un sifflet et une lampe torche, pour pouvoir survivre dans les décombres de son immeuble après un séisme.
Pourtant certaines voix pointent du doigt entre autres le développement chaotique d’Istanbul, des experts disent que la ville est à risque et qu’un séisme comme celui de 1999 aurait aujourd’hui des conséquences encore plus graves. Le problème, c’est la croissance exponentielle d’Istanbul : la ville compte officiellement 15 millions d’habitants auxquels il faut probablement ajouter quelques millions pour être plus juste. Or, en particulier dans les quartiers populaires, les immeubles n’ont pas nécessairement été construits dans le respect des normes antisismiques.
Les voies de communication posent aussi problème de l’avis de plusieurs experts qui les jugent insuffisantes en cas de crise pour acheminer les premiers secours à travers la ville. Istanbul a connu de grands chantiers ces dernières années : nouveaux ponts, nouveaux tunnels, nouvelles tours en hauteur, normalement tous construits en respectant des normes radicales en matière de séisme, mais pourtant certains s’inquiètent. Ainsi le directeur de la Chambre des urbanistes d’Istanbul avait créé un petit scandale en 2014 en soulevant des doutes sur la conception de certains ouvrages et leur résistance justement en cas de séisme.
Опубликовано 21/09/2017 - Изменено 13/10/2017 - По Alexandre Billette