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Extrait de l'émission Idées du 30/07/2017
Pierre-Edouard Deldique :
La nuit Michaël Foessel c'est aussi la peur. Vous évoquez les sons, les difficultés que l'on a à interpréter les sons. Vous vous attachez à ce sens qui est l'ouïe la nuit.Michaël Foessel :
Comme la vue pendant la nuit est généralement affaiblie et même toujours affaiblie, d'autres sens viennent un peu en renfort en quelque sorte pour permettre aux hommes et d'ailleurs même à certains animaux de s'orienter. Et parmi ces sens y'en a quand même globalement deux qui prennent le relais : c'est l'ouïe effectivement et le toucher. Et la nuit c'est une expérience, les aveugles d'une certaine manière et les mal-voyants le savent, qui renforce l'acuité des autres sens, l'ouïe étant le le principal sans doute d'entre eux parce que comme on ne voit pas les choses arriver, on les anticipe en les entendant, si je puis dire. Mais évidemment avec cette différence que l'ouïe est un sens beaucoup plus interprétatif si je puis dire que la vue. Lorsque je vois la chose arriver vers moi en principe je le reconnais, tandis que tout le monde a fait l'expérience que la nuit un son parfois qui le jour ne ne serait même pas remarqué, le craquement du bois d'un mur, du bois d'un meuble pardon, du parquet ou un vent qui passerait sur un volet et bien ce bruit est immédiatement interprété et généralement d'ailleurs de manière plutôt angoissante, inquiétante, de la même manière lorsqu'on touche quelque chose et qu'on ne sait pas, on ne voit pas de quoi il s'agit alors est-ce que c'est un être vivant, est-ce que c'est un être inerte ? Y'a au fond, et ce qui m'a intéressé, la nuit c'est ce qui fait du corps une machine à interpréter des signes et de ce point de vue-là évidemment on peut en avoir peur c'est pour ça beaucoup restent ou préfèrent rester chez eux dans leur lit pour ne pas avoir à subir toutes ces altérations sensorielles, mais ceux qui y vont, ceux qui malgré tout s'y trouvent confrontés peuvent trouver aussi paradoxalement un plaisir dans ce qui fait peur ou un plaisir dans ce qui inquiète parce que ça nous permet de percevoir la nature là aussi d'une manière altérée, différente, plus vivante, je dirais que simplement par la vision où elle apparaît comme un spectacle qui nous est un peu extérieur. Faut pas oublier qu'on dit toujours « vivre dans » ou « être dans la nuit » parce que celui qui est dans la nuit n'est jamais seulement un spectateur de fait puisqu'il ne voit pas parfaitement ce qui l'entoure, il est toujours ou il participe toujours de ce dans quoi il se trouve, autrement dit, il devient lui-même un peu un être obscur. - Глоссарий
Les sens ; l'ouïe ; les sons ; les bruits ; la vue ; le toucher ; la vision ; altérations sensorielles.
Voir ; anticiper ; interpréter ; percevoir.
Angoissant ; inquiétant ; la peur ; le plaisir.