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Extrait d’Accents d’Europe du 20 août 2018
Laurent Berthault : [bruits d’ondes radios]
Ils ont une technique éprouvée pour communiquer avec des proches partis loin de chez eux ou des inconnus à l’autre bout du monde : les radioamateurs qui a l’heure du téléphone portable et d’Internet continuent de se passionner pour les techniques de transmission et ce, partout en Europe. En Allemagne, ils sont environ 70000 à pratiquer ce loisir. Pauline Curtet a rencontré quelques-uns de ces radioamateurs lors d’un rassemblement à Munich.Pauline Curtet : [bruits d’ondes radios]
Longues antennes, émetteurs de toutes les formes et de toutes les couleurs, micros et surtout, beaucoup de câbles, dans les locaux de l’université des sciences appliquées de Munich, ce samedi matin, plusieurs centaines de radioamateurs - c’est ainsi qu’ils s’appellent - partagent d’un stand à l’autre, leurs connaissances et leur passion. Beaucoup sont radioamateurs depuis plusieurs décennies, c’est le cas de Rainer Englert.Rainer Englert : [avec traduction]
Je suis devenu radioamateur à l’âge de 15 ans. C’est une passion qui me permet de communiquer directement avec d’autres personnes partout dans le monde. Par exemple, grâce à la radio, j’ai un très bon ami qui habite en Colombie, un autre qui habite aux États-Unis, à Denver. J’ai aussi rencontré quelqu’un qui travaillait en Antarctique, dans une station de recherche.[bruits d’ondes radios]
Pauline Curtet : [émissions de radio en fond sonore]
Aujourd’hui l’Allemagne compte environ 70000 radioamateurs, un chiffre en légère baisse ces dernières années. Cela ne décourage pas Rainer Englert et d’autres membres de l’association allemande des radioamateurs qui diffuse chaque dimanche à 11h une émission de radio partout dans le monde. Et ce n’est là qu’une petite partie de leurs activités. Car l’objectif principal de ces passionnés est de faire avancer la technologie dans ce domaine. D’ailleurs le point commun entre tous leurs appareils est qu’ils ont été fabriqués de bout en bout par les amateurs eux-mêmes. C’est ce qui fascine Markus Eller un autre amateur de radio présent à Munich.Markus Eller : [avec traduction]
Le kit basique du radioamateur se trouve sur Internet pour 20 ou 30 euros. Mais généralement les gens veulent aller plus loin. En tant que radioamateur, nous n’avons pas à obtenir de certificat pour nos appareils. Nous construisons ce que nous voulons même s’il y a bien sûr des règles à suivre pour travailler en sécurité. Je pense qu’aujourd’hui la communication n’est plus le but principal des amateurs de radio. Ils peuvent se servir de leurs téléphones pour cela. Le but est de comprendre comment fonctionne la technologie.Pauline Curtet :
Pour être officiellement autorisés à émettre ou recevoir, les radioamateurs du monde entier doivent suivre un cours et obtenir une licence grâce à laquelle ils reçoivent un indicatif ou call sign, leur nom d’utilisateur des fréquences radio. Et même si ces passionnés se qualifient d’amateurs, ils collaborent régulièrement avec des chercheurs dans la création de nouveaux systèmes de radio par exemple pour des satellites ou sur une base en Antarctique. D’autres cherchent à repousser les frontières de la radio en cherchant à émettre dans des endroits particulièrement difficiles d’accès, par exemple à la montagne. C’est ce que raconte Sven, qui n’hésite pas à transporter des kilos de matériel dans son sac à dos, jusqu’au sommet des Alpes bavaroises.Sven : [avec traduction]
Nous emmenons le matériel radio sur la montagne et l’activons une fois arrivés à destination car du haut d’un sommet, nous pouvons émettre très loin. Mais comme nous devons transporter le matériel, il faut que nous fabriquions des émetteurs qui soient les plus petits possibles.Pauline Curtet :
Pour les radioamateurs, il y a donc encore beaucoup de défis à relever dont un très important : celui de montrer qu’à l’époque d’Internet, leur passion est loin d’être obsolète. Ils rappellent d’ailleurs que toutes les technologies modernes - Bluetooth, 3G, 4G, Wifi - reposent sur des fréquences radio.
Elian Goetze, un ingénieur venu visiter l’exposition des radioamateurs, avance également un argument inattendu.Elian Goetze : [avec traduction]
Le bilan énergétique de la radio est intéressant. Quand je communique avec par exemple les États-Unis par fibre optique, je passe par beaucoup d’intermédiaires et cela nécessite énormément d’électricité. Pensez aux centres de données : ils consomment une quantité incroyable d’énergie. Avec la radio, j’ai besoin d’une antenne, d’un émetteur et c’est tout, cela ne consomme rien.Pauline Curtet :
Si l’argument écologique ne suffit pas, Markus Eller en avance un autre : celui de la nécessité de comprendre ce qui se cache derrière nos technologies modernes.Markus Eller : [avec traduction]
Je suis un grand fan de technologie, je trouve ça tellement excitant. Mais notre société doit être capable de la maîtriser. Les jeunes surtout, ils doivent savoir comment fonctionne une machine et pas seulement savoir comment l’allumer ou l’éteindre. Nous voulons que la technologie appartienne à toute la société et pas seulement à l’industrie.[bruits d’ondes radios]
Pauline Curtet :
Les radioamateurs cherchent donc à recruter plus de jeunes en travaillant par exemple avec l’université de Munich. Arriveront-ils à former assez de nouvelles recrues pour faire vivre leur passion ? Ils l’espèrent. En tout cas, une chose est sûre, ils ne manqueront pas d’écouter ce reportage.