
Après la bourrasque meurtrière du mois de juin 2010, la ville de Och panse ses plaies. Les barricades, qui les quartiers les uns des autres ont été démontées, et les habitants se promènent désormais librement au centre ville. Boutiques et restaurants ont rouvert leurs portes, même si, quand la nuit tombe, un couvre-feu informel replonge la ville dans le silence.
Malgré ce retour à la normalité, le calvaire continue pour la communauté ouzbèke, principale victime de ces pogroms ethniques dont le déclenchement reste encore mal expliqué. Les quartiers détruits par le feu et les pillages ressemblent à des champs de ruines, malgré l'aide humanitaire massive. Les organisations internationales ont apporté les matériaux nécessaires à la reconstruction d'abris pour l'hiver, ainsi que des vêtements, des couvertures, le minimum vital pour survivre au quotidien.
Mais dans ces quartiers ouzbeks, toujours très isolés du reste de la ville, l'ambiance est électrique et la détresse palpable. Beaucoup hésitent encore à se promener au centre-ville, ou à reprendre leur travail, par crainte d'attaques. Plusieurs milliers de jeunes, des familles entières parfois, ont quitté le Kirghizistan pour aller reconstruire leur vie en Russie ou au Kazakhstan. Les Ouzbeks demandent également justice pour les morts, et plaident pour que cesse la répression policière et judiciaire dont ils sont victimes depuis le début des violences. En effet, pour nombre de citoyens d'ethnie kirghize, et une partie des autorités, les Ouzbeks sont coupables d'avoir lancé les hostilités au mois de juin 2010. Une enquête internationale a d'ailleurs été mise sur pied et les enquêteurs viennent d'arriver sur le terrain. Pour que, faute de réconciliation, les habitants de Och sachent au moins qui a volontairement mis la ville à feu et à sang, en juin 2010.
Publié le 11/09/2017 - Modifié le 22/11/2017 - Par Camille Magnard