
Les tirailleurs, une part de l’histoire du Sénégal
Comme lors de la Première Guerre mondiale, les tirailleurs sénégalais ont été un soutien important aux troupes qui ont libéré la Métropole. Pour ce qui concerne le débarquement de Provence, ils sont intervenus dès les premiers jours. La 9e Division d’infanterie coloniale, dirigée par le général Magnan, a débarqué le 18 août 1944 sur la petite plage de Cavalaire. A partir de ce point de chute, les unités se sont séparées : certaines se sont dirigées vers Marseille, d’autres vers Hyères et le littoral et enfin, un troisième ensemble d’unités a pris la route de Sallies-Pont, dans le Var. Les récits de ces opérations témoignent de combats difficiles qu’ont livrés les hommes de l’infanterie coloniale.
Parcours de héros
Les Tirailleurs avaient aussi leurs héros. Les historiens citent souvent une série de noms, de personnages qui ont marqué cet épisode par leur sens du sacrifice et de la bravoure. C’est le cas du lieutenant Koli Yorgui, un officier tchadien qui fut parmi les premiers à rallier le front et a combattu en Syrie, Libye, Tunisie, Italie, en enfin en France.
C’est le cas, aussi, du sergent Djanrébi, qui, le 19 août 1944, a fait échouer une puissante contre-attaque allemande près de Toulon. Il y a également Papa Guèye Fall, qui a fait une carrière militaire exemplaire. Déjà engagé lors de la Première Guerre mondiale, il intègre le 12e régiment des tirailleurs sénégalais en avril 1940. Il a participé à plusieurs combats avant de se faire capturer par les Allemands. Ce sont ses témoignages sur les conditions de détentions difficiles qui ont particulièrement marqué les historiens.
Des tirailleurs dans le maquis
C’est un aspect un peu moins connu, mais certains tirailleurs ont aussi soutenu les maquisards qui s’engageaient dans la lutte clandestine contre l’occupation allemande. Dans le Vercors, par exemple, parmi les près de 4 000 éléments qui avaient rejoint des Forces françaises de l’Intérieur, on comptait 52 Tirailleurs sénégalais. Celui qui a le plus marqué les esprits est, d’après les historiens, le Guinéen Bâ Addi Mamadou, qui faisait partie du 12e R.T.S., qui fut capturé par les Allemands… En captivité, il organise l’évasion d’un groupe de tirailleurs et participe, aux côtés d’un certain Marcel Arburger, à la création du premier maquis dans les Vosges.
Une part d'histoire délaissée par l'école
Aujourd’hui, il ne reste pas grand-chose de cette part d’histoire au Sénégal. L’histoire des tirailleurs est peu enseignée dans les écoles, à tel point que pour pallier le manque d’information délivré au niveau scolaire, le ministère sénégalais des Forces armées fait tourner tout au long de l'année un muséobus dédié à maintenir la mémoire des tirailleurs. Les deux conflits mondiaux sont enseignés en fin de cursus au collège et au lycée, en classe de 1ère et de Terminale. Les enseignants doivent insister sur les raisons du conflit et ses conséquences de manière générale. « La Grande Guerre a toujours été enseignée de manière globale. Il y a une portion congrue consacrée aux tirailleurs », regrette Mamadou Koné, secrétaire général de l’Association des professeurs d’histoire-géographie du Sénégal.
Publié le 14/02/2017 - Modifié le 12/05/2020