
Qui sont les Houthis ?
À l’origine, c’est aussi bien un mouvement politique qu’un clan familial crée par Hussein al-Houthi, du nom de son village Al Houthi qui est dans le nord du Yémen, et qui dans les années 90 animait un mouvement qui s’appelait la Jeunesse croyante. À partir de 2001, quand le président du Yémen Ali Abdallah Saleh a fait alliance avec les Américains, ce mouvement s’est rebellé contre le pouvoir central. Il y a eu des combats et en 2004, et al-Houthi a été tué dans ces combats. Du coup, ses partisans ont repris les armes et c’est devenu un mouvement plus important.
Comment sont-ils devenus suffisamment puissants pour prendre le contrôle de la capitale Sanaa ?
Pendant longtemps, les combats se sont limités dans leur fief dans le nord du Yémen, où ils ont réussi à tenir en échec l’armée yéménite et les Saoudiens qui les avaient bombardés en 2009. Mais en 2011, la crise politique dans la foulée des Printemps arabes, le départ du président Ali Abdallah Saleh, les combats pour le pouvoir et la transition ont affaibli un État qui était déjà assez faible. Graduellement, ce qui a été laissé par le pouvoir précèdent a fait la place aux milices houthis qui se sont renforcées de tous les opposants au pouvoir central au nord du Yémen.
On présente les Houthis comme des chiites et leurs opposants accusent l’Iran de les soutenir. Qu’en est-il exactement ?
Les Houthis sont des chiites, comme un peu plus d’un tiers de la population du Yémen, ce qu’on appelle les Zaïdites. Le tiers de la population du Yémen est chiite zaïdite, y compris l’ancien président Ali Abdallah Saleh. C’est un peu une simplification de les présenter comme chiites. Mais l’Arabie Saoudite, qui a l’habitude de tout voir à travers le prisme de l’opposition sunnite et chiite, était très inquiète de voir aux flans sud de ses frontières – la région des combats étant juste à la frontière saoudienne – des opposants potentiels à leur régime et ils ont accusé l’Iran. L’Iran probablement n’était pour rien dans ce qu’il s’est passé. Mais avec le temps, l’Iran a regardé avec intérêt l’évolution et le progrès du mouvement houthi, et probablement a apporté outre un soutien politique, un soutien financier et peut-être même militaire. Mais la question houthi est avant tout une question purement yéménite, même si les voisins ont une vision géopolitique de la chose.
Olivier Da Lage est rédacteur en chef à RFI, spécialiste des questions internationales et notamment du Moyen-Orient.
Publié le 04/03/2021 - Modifié le 05/03/2021