
Pakistan: l'ethnie hazara plus que jamais la cible des terroristes sunnites
Avec notre correspondante au Pakistan, Gaëlle Lussiaà-Berdou.
Le bilan de l'attentat de Quetta qui a eu lieu le 16 février 2013 risque encore de s’alourdir, en raison du nombre de blessés graves. Outre les 81 victimes décédées, on compte en effet près de 178 blessés.
L’attentat s’est produit à 18 heures le samedi soir, et effectivement, le dimanche matin, il y avait encore une foule de gens qui fouillaient les décombres. Les secours ont retrouvé plusieurs victimes qui étaient sous un immeuble qui s’est effondré sous la force de l’explosion.
Lashkar-e-Jhangvi
La déflagration a été provoquée par une bombe qui était placée dans un camion citerne stationné près d’un marché dans un quartier à majorité chiite de Quetta, qui est habité surtout par des membres de l’ethnie hazara régulièrement la cible d’attaques dans la région du Baloutchistan, notamment de la part du groupe armé sunnite Lashkar-e-Jhangvi qui a revendiqué cet attentat.
Lashkar-e-Jhangvi est un groupe officiellement interdit au Pakistan, qui continue à commettre des attaques contre les chiites.
1'03" - Mariam Abou Zahab, spécialiste du Pakistan, le 17/02/2013 - par Perrine Mouterde.
« Les activités du Lashkar-e-Jhangvi qui étaient auparavant limitées à Karachi et au Penjab se sont étendues contre les chiites dans les zones tribales et contre les hazaras de Quetta depuis 2004 et 2005. Et maintenant Peshawar est également touché depuis quelques mois. »
Dimanche 17 février 2013, la presse pakistanaise fait sa Une sur cet attentat et rappelle qu’il survient à peine plus d’un mois après un autre attentat également très meurtrier.
Pouvoir central
D’ailleurs, le même groupe Lashkar-e-Jhangvi avait aussi revendiqué le double attentat qui avait fait plus de 90 morts en janvier 2013. C’était à proximité et à l'intérieur d'un club de billard, également à Quetta. Après cette attaque, les familles des victimes avaient refusé d’enterrer leurs morts et avaient organisé un sit-in pendant plusieurs jours.
Un peu partout dans le pays, des manifestations s'étaient déroulées pour protester contre l’incapacité du gouvernement à protéger la minorité chiite. En réponse, Islamabad avait démis de ses fonctions le gouvernement provincial du Baloutchistan.
C’est donc désormais le pouvoir central à Islamabad qui administre directement la province. Manifestement cela n’a pas suffi à empêcher l’attentat qui s’est produit. Et d’ailleurs, une journée de deuil a été déclarée dans toute la province du Baloutchistan.
Publié le 04/05/2017 - Modifié le 05/05/2017