
La poussée diplomatique de la Chine vers le Sud
En d'autres temps, un tel voyage eut été inconcevable, car la région était l'otage de l'antagonisme héréditaire entre la Chine et le Vietnam. Pendant mille ans l'Empire du Milieu a poussé son avantage vers le sud aux dépens du Vietnam transformé en vassal. Et le Vietnam n'a eu de cesse de contrer le mastodonte du Nord. Ce conflit, relayé au vingtième siècle par la confrontation sino-soviétique, s'est encore perpétué jusqu'à une époque récente.
Au Cambodge, au moins jusqu'en 1989, les troupes vietnamiennes soutenaient le gouvernement de Hun Sen installé par leurs soins, tandis que la Chine appuyait les Khmers rouges. Quant au Laos, dirigé par un régime communiste depuis 1975, il était et il reste dans l'orbite vietnamienne.
La fin de la guerre froide et l'effondrement de l'Union soviétique en I991 ont changé la donne. Depuis 1997, la Chine s'attache à resserrer ses liens avec ces pays d'Indochine, elle reprend par des moyens diplomatiques sa poussée vers le sud. Une poussée qui se traduit par une intensification de sa coopération avec la Birmanie, ainsi qu'avec Vientiane, Phnom Penh et Hanoï.
L'intérêt de la Chine pour l'Indochine coïncide avec l'élargissement de l'ASEAN (site en anglais). L'Association des Nations du Sud-est asiatique regroupait naguère les amis des États-Unis. Elle compte désormais dix pays, dont le Vietnam, la Birmanie, le Laos, et le Cambodge admis en I998. Fondée en 1967, en pleine guerre du Vietnam, pour contrer la montée en puissance du communisme, elle devient, sans le dire, un rempart diplomatique contre les ambitions chinoises vers le sud. Dans ces conditions, on comprend que Pékin courtise les maillons les plus faibles, c'est-à-dire les pays les plus pauvres.
Publié le 24/01/2017 - Modifié le 19/02/2020