
Chine et Japon : la course aux ressources pétrolières
La colère de Pékin était la conséquence de l’échec des négociations avec le Japon concernant la délimitation de leur territoire maritime et l’exploitation des ressources en mer de Chine. Mais la rivalité énergétique des deux pays va bien au-delà de cette zone. Ils s’affrontent également en Russie, en Iran, au Soudan et en Australie. Selon les experts, une véritable « guerre non déclarée » entre la Chine et le Japon pour les ressources énergétiques semble inévitable, compte tenu notamment de leur demande respective. Ils s’approvisionnent auprès des mêmes sources et par les mêmes voies de transport.
Pékin et Tokyo se fournissent essentiellement au Moyen Orient : en 2003, la Chine a importé plus de 80 millions de tonnes de pétrole, dont 70 % en provenance de cette région. Quant au Japon, sa dépendance à l’égard du Moyen Orient était de 90 % l’année dernière. D’ici à 2020, les demandes chinoise et japonaise équivaudront à la production pétrolière de l’Iran et de l’Arabie saoudite.
Les deux pays se disputent aussi pour avoir accès au pétrole sibérien. La Chine négocie avec la Russie la construction d’un oléoduc entre la région du lac Baïkal et la ville de Daqing, dans le nord-est du pays. Mais Tokyo soutien un autre tracé de ce même oléoduc, vers le port russe de Nakhodka, sur la mer du Japon. Un deuxième projet sino-russe agace les Japonais : c’est l’utilisation du gaz naturel de l’île de Sakhaline. Car les entreprises japonaises, qui devaient avoir le monopole des ces ressources gazières, risquent d’en être écartées au profit des concurrentes chinoises.
Dans tous les cas de figure, une coopération sino-japonaise semble peu probable. « Le même bol de riz ne pourra nourrir deux personnes », a constaté l’expert chinois Liu Hua. La Chine va tout de même proposer au sommet de l’APEC « une initiative pour améliorer la coopération en matière des ressources énergétiques ». Il y a urgence car, sans sécurité énergétique, la rapide croissance économique chinoise risque d’en prendre un sérieux coup.
Publié le 19/01/2017 - Modifié le 19/02/2020