
Le Traité de Maastricht définit l’Union européenne comme reposant sur trois piliers : les communautés européennes, la politique étrangère et de sécurité commune, ainsi que la coopération policière et judiciaire en matière pénale.
Le traité lance également l’Union économique et monétaire, devant conduire à la création de l’euro. Il précise les conditions de passage à la monnaie unique. Par ailleurs, le document établit une politique commerciale commune et un marché intérieur.
Conséquence pratique des décisions contenues dans le traité : l’abolition, entre les États membres, des obstacles à la libre circulation des marchandises, des personnes et des capitaux.
Le texte d’origine a subi deux révisions, apportées par les traités d’Amsterdam et de Nice, et une révision majeure, en 2007, avec le traité de Lisbonne. Celui-ci a étendu les articles concernant les principes démocratiques et institutionnels, ainsi que l’action extérieure, la politique étrangère et de sécurité.
La réunification de l’Allemagne au cœur de Maastricht
Le directeur de l’Institut Jacques Delors, Yves Bertoncini, rappelle que le Traité de Maastricht signifiait un profond changement du caractère de l’Europe communautaire : « Maastricht a lieu après la chute du mur de Berlin, après la fin de la guerre froide, et donc c’est un projet européen qui reste sur les bases économiques mais qui doit s’élargir et qui doit tenir compte de la réunification de l’Europe et de l’Allemagne. »
Yves Bertoncini souligne qu’au-delà de l’aspect économique, il y a une vraie volonté géopolitique dans ce traité. « Il y a au moins deux choses totalement nouvelles de ce point de vue à Maastricht. C’est, premièrement, l’intégration monétaire : pas de marché unique sans monnaie unique. L’intégration monétaire, la création de l’euro, c’est une façon pour les Européens de contrôler, d’organiser la réunification de l’Allemagne et donc de garantir l’ancrage de l’Allemagne dans la construction européenne. On passe déjà à la géopolitique interne à l’Europe, même si ça a des apparences monétaires et économiques. »
« Le deuxième élément, c’est qu’on va un peu plus loin dans les sujets régaliens : la diplomatie, la défense, la police, la justice… parce qu’on est dans un monde où les Européens se disent qu’ils vont peut-être devoir se prendre en main, forger une diplomatie commune pouvant mener, à terme, à une défense commune, rappelle le chercheur. C’est aujourd’hui qu’on va voir si les promesses de Maastricht sur ce registre-là peuvent être ou non tenues. »
Publié le 06/02/2018 - Modifié le 07/02/2018