
- Transcription
Extrait du Journal en français du 24/01/2016
Sylvie Berruet :
En Haïti, le second tour de l'élection présidentielle n'a donc pas eu lieu – en toute logique – ce dimanche 24 janvier après l'annonce, vendredi soir, de son report à une date qui n'a pas encore été annoncée. L'opposition est satisfaite, elle réclame maintenant le départ immédiat du président Michel Martelly et de son Premier ministre Evans Paul.Edmond Sadaka :
Mais ce report du scrutin a mis en colère les partisans du candidat du pouvoir, Jovenel Moïse. Ils disent qu'on les a privés de leur droit de vote – qu'on les a empêchés de voter. Jovenel Moïse, seul candidat depuis le retrait de son adversaire Jude Célestin, demande, lui, qu'un second tour soit organisé très vite. Il est persuadé que « le peuple était prêt à voter en masse en sa faveur ».Alors voyons quelle était l'ambiance aujourd'hui à Port-au-Prince et dans sa banlieue pour ce qui devait être au départ un jour de vote.
Reportage de Stéfanie Schüler, envoyée spéciale de RFI.
Stéfanie Schüler : [Bruits de rue]
En plus de l’église, deux écoles jouxtent la place Saint-Pierre à Pétionville, sur les hauteurs de Port-au-Prince.Premier homme :
Il y aurait dû y avoir un bureau de vote ici et un autre là-bas, vous voyez ? Mais aujourd’hui il n’en est rien. Je les ai cherchés ce matin, parce que j’aurais aimé voter.Stéfanie Schüller :
La déception des uns fait la joie des autres. Les sympathisants de l’opposition se réjouissent d’avoir remporté une manche, surtout contre la communauté internationale que beaucoup accusent ici de vouloir imposer le candidat du pouvoir, Jovenel Moïse, producteur de bananes.Deuxième homme :
Dites à la France, au Canada, aux Américains qu’on ne veut pas de leur « homme banane ».Stéfanie Schüller :
Dans les ruelles étroites de Jalousie, Fabi salue le report du scrutin.Fabi :
Parce qu’il faut deux finalistes pour un second tour. Comme Jude Célestin décline, on ne peut pas réaliser une élection avec un seul candidat.Stéfanie Schüler :
Donc vous trouvez que c’est normal que cela ait été annulé?Fabi :
Oui c’est normal. Sinon il y aurait trop de violences. J’ai quatre enfants que j’aurais du mal à récupérer à l’école.Stéfanie Schüler :
Est-ce que vous craignez que les violences vont se poursuivre ?Fabi :
Oui, il va y en avoir même davantage. Si le peuple accepte le résultat des élections, ça restera calme. Mais dans le cas contraire, ça sera pire. Ce que nous voyons pour l’instant n’est rien par rapport à ce qui peut encore arriver.Stéfanie Schüler :
Vous avez confiance aujourd’hui dans les hommes politiques qui sont là pour prendre des décisions, justement ? Est-ce que ce sont les bonnes ?Fabi :
Non, j’ai confiance en personne. Je n’ai confiance qu’en moi-même et en Jésus.Stéfanie Schüller :
Stéfanie Schüler et Bertrand Haeckler, Port-au-Prince, RFI. - Lexique
Les élections :
un second tour, une élection présidentielle, une opposition, un président/une présidente, un Premier ministre/une Première ministre, un scrutin, un partisan/une partisane, un candidat/une candidate, le droit de vote, voter en faveur de, un bureau de vote, un sympathisant/une sympathisante, remporter une manche, un/une finaliste, un homme politique/une femme politique, prendre une décisionLes sentiments :
être satisfait, mettre quelqu’un en colère, une ambiance, une déception, se réjouir de, craindre quelque chose, rester calme, avoir confiance dans/en.