Ada : Pourquoi on appelle ce parc « Buttes-Chaumont » ? Ça veut dire quoi « Buttes-Chaumont » ?

Claude Rouanet : « Buttes-Chaumont », ça fait référence à l’état de ce site avant que le parc ne soit créé. En fait, ici c’était une grande colline à l’origine, une colline de gypse qui est une pierre qui se délite au contact de l’eau et qui ne permet pas aux plantes de bien pousser. Donc le site était plutôt dénudé, chauve… Chau-mont. Et « buttes », eh bien, parce qu’ensuite, comme l’eau avait abîmé la terre, il y avait des trous, il y avait des bosses et le parc a été créé avait un système de buttes pour que les gens puissent savoir où est-ce qu’ils étaient. Et donc voilà, les Buttes-Chaumont viennent de cette origine-là. Alors, ici c’est un bel exemple de la façon dont on peut se diriger dans le parc, puisqu’on est au point le plus haut du parc. Il a été surélevé pour que justement, il soit encore plus impressionnant lorsqu’on entre, et depuis ce point-là, on peut voir que le parc continue de l’autre côté et de butte en butte on avance dans le parc.

Ada : Pourquoi on a choisi cet endroit exactement pour créer ce parc ?

Claude Rouanet : En fait, la création de ces jardins est une volonté de Napoléon III. Et Napoléon III a découvert les voies larges à Londres, il a découvert Hyde Park, entre autres, et il s’est dit à cette occasion que lorsqu’il aurait le pouvoir, lui aussi ferait créer des jardins au cœur de la ville, pour permettre que l’air soit plus sain ; et c’est aussi l’une des raisons pour lesquelles il a fait faire des boulevards larges. Paris s’agrandit. Il y a le rachat de Belleville et de quelques petits villages ici - dont le site où nous sommes - qui deviennent parisiens et Napoléon III décide de créer le parc ici pour assainir le site et aussi [rires] parce qu’il était en compétition avec la reine Victoria, en Angleterre, à l’époque, et à l’occasion des expositions universelles qui étaient faites régulièrement, il se dit que, ce serait quand-même très très bien de pouvoir présenter un parc de presque 25 hectares, pour éblouir la reine Victoria, entre autres. [rires]