La Toussaint est une fête chrétienne. Comme son nom l'indique, c'est la fête de tous les saints. Les autres jours de l'année sont mis sous le patronage d’un saint en particulier. Notre imaginaire a cependant inventé des saints avec des noms qui portent un sens, mais qui n’ont aucune légitimité religieuse... Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la Délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
C'est la Toussaint, à quel joli nom La Toussaint. C'est une fête chrétienne et même catholique parce que les saints sont une spécialité du catholicisme. Ce nom Toussaint. Il est tellement courant qu'il est passé dans un français ordinaire. C'est le nom d'un jour et même d'une période de l'année. On se verra à la Toussaint, c'est à dire fin octobre début novembre. Et son origine à ce mot s'entend sans difficulté quand on le prononce lentement. Tous saints, c'est la fête de tous les saints, alors que les autres jours sont mis sous le patronage d'un saint particulier. Ainsi, le calendrier peut décliner tous les prénoms possibles, même si aujourd'hui on est plus souple que naguère pour nommer ses enfants et qu'on peut trouver des prénoms qui échappent à cette tyrannie du calendrier. Mais enfin, à côté de ça, on a un imaginaire très fantaisiste qui a inventé des saints avec des noms qui portent un sens, mais qui, bien sûr, n'ont aucune légitimité religieuse, bien au contraire. Je dis bien au contraire. Est ce que j'exagère? Pas beaucoup. On peut penser, par exemple, à la Sainte Paye. C'est le jour de la paye. On l'appelle aussi parfois la Sainte Touche. C'est le jour où l'on touche sa paye. Ce que le patron vous doit, c'est une journée joyeuse pour vous et pour vos créanciers aussi, parce que vous pouvez les honorer et payer vos dettes. Et cette Sainte Touche, on disait parfois qu'elle était précédée d'un autre jour qu'on appelait la Sainte Espérance. On comprend bien pourquoi et on voit bien qu'on est dans une parodie qui est née souvent dans un milieu populaire, volontiers anticlérical en ce qui concerne cette Sainte Touche. Alors, ces inventions, elles sont parfois le fruit d'une imagination qui est plus chrétienne. Mais qui est quand même un peu moqueuse, un peu irrévérencieuse. Par exemple, on a parlé, et depuis longtemps, depuis le XVᵉ siècle, fin XIVᵉ, on a parlé de Saint Pansard. Qu'est ce que c'est ? C'est le jour du mercredi des Cendres parce que les trois jours qui précèdent sont des jours gras où l'on fait ripaille, où on mange beaucoup. Donc on arrondit son ventre, sa panse. Et donc on parle du Saint Pansard et puis on a d'autres choses. On a tout le Saint Frusquin c'est à dire tout le restant et tutti quanti, comme on dit en italien et parfois même en français, en utilisant cette formule italienne. Pourquoi frusquin ? Bien entendu, frusquin ça dérive de frusque. Les frusques, ce sont les vieux habits qui ne valent plus grand chose. C'est tout ce qu'on va fourrer dans son baluchon. Et puis on a les jours qui sont évoqués pour qu'on s'acquitte d'un service, le plus souvent d'une dette qu'on essaie de repousser. Je te payerais d'ailleurs au 36 du mois et ses habitudes linguistiques appartiennent surtout au passé. Je te payerais à la Saint Saucisson, n'existe pas bien sûr à la Saint Ripolin ou même à la Saint Glinglin. Et ça on l'entend encore. Pourquoi Glinglin ? Parce que ça évoque gling gling, le son d'une cloche, mais une cloche qu'on entendra jamais. On en fait miroiter le tintement alors qu'on sait bien qu'il ne résonnera pas.
Voir moins Voir plus