« Roman fleuve », c'est le titre du roman de Philibert Humm récompensé par un grand prix littéraire. On a compris le calembour dans le titre : un roman-fleuve, c'est une expression qui désigne un roman très long. Un fleuve, c'est un cours d'eau qui va se jeter dans la mer ou dans l'océan, ce qui techniquement le distingue d'une rivière qui va se jeter dans un fleuve et disparaître. Les fleuves et les rivières, comment les nomme-t-on ? Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique.
Le mot de l'actualité, avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
« Roman fleuve », c'est le titre du roman de Philibert Humm qui vient d'être récompensé par le Prix Interallié, l'un des grands prix littéraires de l'automne. Bien sûr, on a compris le calembour dans le titre. Un roman-fleuve c'est une expression toute faite qui désigne un roman très long, à tel point qu'on a l'impression qu'il ne s'arrêtera jamais, comme le XIXᵉ siècle a pu en produire « Les Trois Mousquetaires », suivi par « Vingt ans après », « Le Vicomte de Bragelonne » ou « Les Mystères de Paris ». C'est l'orgueil de la littérature du 19 ème siècle, ces longs romans. Alors un fleuve, on sait bien ce que c'est. C'est un cours d'eau qui va se jeter dans la mer ou dans l'océan, ce qui techniquement le distingue d'une rivière qui va se jeter dans un fleuve et disparaître ainsi que son nom. Plus techniquement encore, on dit que c'est un affluent et l'endroit où un cours d'eau vient se jeter dans un autre est nommé un confluent. De même, les ruisseaux ou les torrents ne se jettent pas en général directement dans la mer, mais ces fleuves ou ces rivières, comment les nomme-t-on ? Eh bien, on les nomme par leur nom. Mais lorsqu'ils sont lointains, peu familiers, on peut les faire précéder du mot fleuve, justement pour être mieux compris. On peut parler du Yang-Tsé-Kiang, on peut parler aussi du fleuve Yang-Tsé-Kiang, de la rivière Athabasca, parce que ce grand cours d'eau est peu connu en dehors du Canada. On parle de la rivière Nelson ou de la rivière Churchill, toujours au Canada. Pour qu'on ne confonde pas avec les hommes d'État qui se retrouvent suite à la colonisation anglaise dans la toponymie du pays. Et on a aussi le fleuve Amour. Et là, bien sûr, il faut préciser qu'il s'agit d'un fleuve, parce qu'on pourrait le prendre pour un sentiment. Par traduction, on parle du fleuve Jaune, du fleuve Rouge. Mais à part ces quelques exemples éloignés, la plupart du temps, lorsque le fleuve est familier de celui qui le nomme, l'article suffit. Alors quel article ? La Seine, la Garonne, la Vézère, en général, c'est au féminin. De nombreux cours d'eau sont féminins l'Oise, la Marne, la Somme, la Meuse en France. Est ce qu'ils le sont tous? Non. On a des masculins qui ne sont pas si rares. De grands fleuves masculins : le Rhône, le Rhin ; de plus petit : le Tarn, le Gard, le Loir - qui n'est pas la Loire, c'est différent - ou bien le Cher. Donc on a une distribution qu'il faut connaître pour ne pas se tromper. Et c'est justement l'une des erreurs où l'on reconnaît facilement quelqu'un qui n'est pas francophone natif ou en tout cas pas francophone natif français. Parce qu'on apprend ça à l'école communale. Et à l'étranger, alors quel est le genre des fleuves et des rivières quand on parle français ? Dans la majorité des cas, c'est masculin. Le Congo, le Niger, le Danube, le Pô, le Mississippi, etc. Parfois un nom composé : Le Rio de la Plata, Le Rio Grande. Rio, c'est un mot espagnol. Beaucoup savent qu'il signifie fleuve. Alors aucun féminin ? Si ! Il y en a quelques-uns : la Néva, la Volga. Pour traduire un féminin de la langue d'origine ? Peut-être, mais ce n'est pas sûr. C'est surtout par habitude, parce que la terminaison en -a dans la langue française est le plus souvent liée au féminin.
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