
Découverte de deux boîtes à outils et d'un atelier datant de quelque 100 000 ans
De l'ocre, des os, du charbon de bois, une meule de pierre et des pierres servant de marteau... La datation de ces vestiges a été déterminée par stimulation optique, une méthode permettant de mesurer le temps écoulé depuis la dernière exposition des minéraux au soleil. Ils seraient vieux de quelque 100 000 ans.
Ils « représentent une étape importante dans l'évolution des processus mentaux complexes de l'homme », a expliqué le professeur Christopher Henshilwood de l'université de Witwatersrand à Johannesburg : « Ils montrent que ces hommes avaient déjà, [à l’âge de pierre] des connaissances élémentaires de chimie et la capacité de planifier à long terme ».
Contemporaines l'une de l'autre, les deux «boîtes à outils» ont été trouvées là où elles avaient été laissées à l'origine, et un mélange de poudre d'ocre était conservé dans deux coquillages d'ormeau : preuve que ces hommes avaient « la capacité conceptuelle pour trouver, combiner et stocker des substances qu'ils pouvaient peut-être utiliser pour améliorer leurs rites sociaux », précise le paléontologue.
Des procédés de composition éléborés
Le broyage et le raclage de l'ocre était effectué pour produire une poudre destinée à être utilisée comme pigment pour décorer, peindre sur la peau ou les vêtements ou bien encore pour protéger la peau. Une pratique courante en Afrique et au Moyen-Orient, il y a un peu moins de 100 000 ans et toujours en vigueur dans certaines régions du monde comme en Namibie.
Selon ces scientifiques, le procédé pour obtenir cette poudre fine devait consister à frotter et écraser des morceaux d’ocre avec des morceaux de quartz ou de quartzite puis à les mélanger avec des os de mammifères chauffés et broyés, ainsi que du charbon de bois et des éclats de pierre. Ensuite, le tout était plongé dans un liquide, puis versé dans les coquillages d'ormeau et tourné délicatement… probablement avec un os.
Le professeur Henshilwood et son équipe internationale de recherche, dont Yvan Coquinot du Centre de recherche et de restauration des musées de France, ont découvert ces vestiges en 2008. Ils seront exposés à partir de vendredi au Musée Iziko du Cap, en Afrique du Sud.
Publicado el 23/11/2015 - Modificado el 23/11/2015