
Le Sri Lanka annonce la fin de l’état d’urgence après 23 ans d’application
Depuis 28 ans, chaque mois ou presque, l’état d’urgence était reconduit au Sri Lanka. Et comme tout dispositif d’exception, il donnait à l’armée des pouvoirs exorbitants de police et de justice. Fin août, en principe, ce sera fini mais pour autant les capacités répressives du régime ne vont s'effondrer.
1'02 - Eric Meyer, professeur à l'INALCO, historien spécialiste du Sri Lanka, le 25 août 2011 - par Vincent Ilutiu.
« L'état d'urgence ne se justifie plus depuis que la guerre civile est terminée. »
Car à Colombo, la politique c’est l’affaire de la famille Rajapakse. Mahinda est président, tandis que Gotabhaya et Basil s’occupent respectivement de la Défense et du Développement. Dans le jargon des organisations de défense des droits de l’Homme, on évoque une famille de « prédateurs ».
Sauf événement exceptionnel et imprévisible, la dynastie régnante n’a donc aucun souci à se faire. La législation sri-lankaise dispose d’une loi sur la prévention du terrorisme qui peut bien se passer de l’état d’urgence pour engager toute action visant à maintenir son monopole sur le pouvoir. Les prisonniers politiques et les Tamouls toujours incarcérés ne doivent donc pas se réjouir trop tôt.
Les mauvaises langues observent que cet abandon de l’état d’urgence survient également à quelques semaines de la réunion du Conseil des droits de l’Homme à Genève. L’ONU doit examiner à cet occasion les graves soupçons de crimes de guerre et contre l’humanité perpétrés lors des dernières semaines de la guerre civile, en 2009.
Publicado el 23/05/2017 - Modificado el 06/07/2017