Nous sommes le 24 décembre, le magasin est bourrébouré. Une foule épaisse de clients écrasés de cadeaux obstruentobstrue les allées. 

   — M. Malaussène est demandé au bureau des Réclamations.

Je me laisse emporteremporté par l’escalator, comme si j’espérais trouvertrouvé plus d’air en altitude. J’arrive à la cage en versverre des Réclamations. Il ne me faut pas une secondesegonde pour comprendre que Lehmann est en train d’expliquéexpliquer à la cliente que c’est entièremententierrement de ma faute. Des larmes jaillissent à petits geaisjets brefs des yeux de la dame. Elle a rangé dans un coingcoin un bébé obèse, rentré en force dans une poussette déglinguéedéglingée. J’ouvre la porte. J’entends Lehmann affirmeraffirmé, sur le ton de la plus frangefranche solidarité :

   — Je suis entièrement d’accord avec vous, madame, c’est absolumentabsoluement inadmissible. D’ailleurs, le voici, nous allons lui demanderdemandé ce qu’il en pense.

Sa voix a changerchangé de registre. Du conpatissantcompatissant, on glisse au veunimeuxvenimeux. L’affaire est simple. Lehmann me l’expose avec une tranquilitétranquillité d’hypnotiseur. Voilà, il y a trois jours, mes services auraient venduvendus à la dame ici présente un réfrigérateurréfrigirateur d’une contenencecontenance telle qu’elle y a enfourné le réveillon de vingt-cinq personnes, hors-d’œuvre et desserts compris. « Enfourné » est d’ailleurs le mot juste, puisque cette nuit, pour une raison dont Lehmann aimerait bien que je lui fournisse l’explication, le frigo en question s’est transformé en incinérateurinsinérateur. Un miracle que madame n’ait pas été brûléebrûler vive en ouvrant la porte ce matin. Je jettejète un bref coup d’œil à la cliente. Ses sourcissourcils, en effet, sont roussiesroussis. La douleur qui perseperce à travers sa colère m’aide à prendre un air lamentablelamantable. Le bébé me regarde comme si j’étais la source de toustout. Mes yeux à moi se portentporte avec angoisse sur Lehmann, qui, les bras croisés, s’est appuyéappuyer contre l’arêtearrête de son bureau et dit :

   — J’attendsattend.

 Silence…