
- Transcripción
Reportage France du 11 juin 2021
Josée Grard :
Vous avez vu ? Il y avait le prénom, le matricule et en 1948, on leur a donné un nom.Sylvie Koffi :
Au moment de l’abolition de l’esclavage en 1848 dans les Antilles, les nouveaux libres deviennent citoyens et ces « sans nom » obtiennent à nouveau un nom de famille. Anagramme de leur prénom, mois de l’année, sobriquet, leur nouvelle identité est souvent fonction de l’imagination des officiers d’état civil qui accomplissent cette tâche.Josée Grard, responsable de la permanence généalogie de l’association CM98.
Josée Grard :
Les noms donnés à l’infini en prenant sur les calendriers, les fleurs, les fruits, etc. Il y avait les anagrammes : Figaro devenait Garofi, Mathurin devenait Thuram.Une bénévole de l’association :
Je trouve une Henriette Sainte-Marie, c’est ça ?Une personne venue faire des recherches :
Oui.Une bénévole de l’association :
Matricule 2235. Elle a été nommée le 30 mars 1849, elle avait 42 ans et sa mère, c’est Mai-Le-Sept, M, A, I, tiret, L, E, tiret, le sept.Sylvie Koffi :
Chacun vient ici à l’atelier de généalogie pour retrouver la trace de ses ancêtres mis en esclavage. Un travail initié par le CM98 qui, depuis 15 ans, a pu mettre en ligne certaines archives.Une bénévole de l’association :
Voilà, ensuite, on a Pascal. Pascal a 17 ans, donc sa maman, c’est Henriette qu’on a vu précédemment. D’accord ?Une femme venue faire des recherches :
Lafile, L, A, F, I, L, E. Je lui demande par curiosité.Sylvie Koffi :
C’est important pour vous ?Une femme venue faire des recherches :
Oui, oui, c’est important de savoir d'où on vient.Sylvie Koffi :
Savoir d’où l’on vient pour se réconcilier avec son histoire. Pour ces descendants d’esclaves, retrouver ses origines, c’est un pas important.Une femme venue faire des recherches :
De les retrouver, c’était une émotion parce qu’on s’attend pas. Surtout des fois, c’est des noms qu’on n’a jamais entendus dans la famille, donc quand on les découvre, c’est vrai qu’on se les approprie tout de suite. C’est important puisque, bon, ils sont restés trop longtemps dans l’oubli. Pour nous aussi, c’est une façon aussi de nous identifier je pense, et puis pouvoir aussi en parler à nos enfants.Une autre femme venue faire des recherches :
Moi, c’est pas parti d’une douleur mais en prenant conscience de tout ce parcours-là, de tout cet héritage-là, ça peut devenir un peu douloureux et c’est vrai que, du coup, dans des questions plus d’actualité comme le racisme, les systèmes dans lesquels on vit, qui héritent de tout ce passé, qui sont fondés sur tout ce passé, ça peut être douloureux oui.Sylvie Koffi :
Cet outil généalogique accessible en ligne a permis de retrouver l’identité de 120 000 personnes mises en esclavage en Guadeloupe et en Martinique. - Léxico
L’identité : un prénom ; un matricule ; un nom de famille ; un sobriquet ; l’état civil ; nommer.
L’esclavage : l’abolition ; libre ; un citoyen/une citoyenne ; mettre en esclavage.
La généalogie : un/une ancêtre ; une archive ; les origines ; une famille ; un enfant ; un héritage ; hériter ; le passé.