
- Transcript
Extrait de Reportage France du 6 février 2018
Arthur :
Parfois je l’utilise jusqu’à deux heures, deux heures et demie du matin.Émilie :
Moi, je l’utilise tout le temps, en fait j’en ai besoin h24.Anna :
Ce que j’utilise le plus, c’est les réseaux sociaux pour envoyer des messages à mes amis ou pour prendre des photos, souvent, que je diffuse après.Valérie Cohen :
Arthur, Émilie et Anna ont 14 ans et comme plus de 90% des adolescents français, ils possèdent un smartphone. Et si c’était l’inverse ? Si c’était le téléphone qui les possédait ? Pour la psychologue Béatrice Copper-Royer, l’emprise est réelle. En cause en particulier, les réseaux sociaux.Béatrice Copper-Royer :
Ça crée une certaine dépendance c’est-à-dire qu’ils ont l’impression qu’ils sont presque contraints d’être dans cette communication à outrance parce qu’ils ont énormément peur de passer à côté de quelque chose, d’un dialogue dans lequel ils ne pourraient pas intervenir et donc il y a une espèce d’injonction comme ça à être tout le temps présent pour ne pas être oublié. Dans la logique des adolescents, pour qui être reconnu par les gens du même âge c’est essentiel, la famille n’arrive plus au premier plan de leur univers affectif et avoir des amis, c’est le plus important.Valérie Cohen :
Cette dépendance est savamment orchestrée par les concepteurs des réseaux sociaux. Prenons le « like », il s’agit de dire qu’on aime un message ou une image en cliquant sur une icône. Émilie garde toujours un œil sur le compteur.Émilie :
Si t’as beaucoup de « like », ben, t’es quelqu’un qu’on suit beaucoup. Et si t’en as pas beaucoup, ben, t’es un peu inexistant. C’est comme la popularité en fait.Valérie Cohen :
Toujours quelque chose à faire, à scruter, à écouter sur son précieux smartphone et c’est aussi la faculté de concentration qui est mise à mal. Béatrice Copper-Royer.Béatrice Copper-Royer :
Ça fait des enfants qui sont sans arrêt dans une attention morcelée. Ils apprennent une leçon mais ils jettent un coup d’œil à leur téléphone et puis ils reviennent et donc si vous voulez c’est les troubles de l’attention, maintenant c’est un peu la tarte à la crème. On est consulté sans arrêt pour des enfants qui, peut-être, seraient dans un déficit de l’attention et en réalité l’attention est tout le temps interrompue et c’est un gros effort pour eux d’avoir une attention plus soutenue.