Extrait de l’émission De vive(s) voix du lundi 11 octobre 2018

Pascal Paradou :
Et je suis aujourd’hui en compagnie de Alexandre Wolff à l’occasion de la sortie du rapport sur l’état de la francophonie dans le monde. Bonjour Alexandre Wolff.

Alexandre Wolff :
Bonjour.

Pascal Paradou :
Vous êtes responsable de l’Observatoire de la langue française à l’OIF [NDLR : Organisation internationale de la Francophonie] et vous publiez donc ce rapport, quatre ans après le précédent. Alors « rapport » c’est pas très sexy et en même temps c’est un moment important pour faire un état des lieux ?

Alexandre Wolff :
Oui c’est vrai que d’ailleurs on l’appelle entre nous rapport mais en réalité c’est un ouvrage qui porte sur la langue française dans le monde et ses évolutions, son usage, sa présence dans différents secteurs et c’est important je crois, à la fois pour la francophonie de savoir où elle en est, mais aussi pour ceux qui apprennent le français ou qui désirent l’apprendre de se rendre compte à quelle communauté ils appartiennent.

Pascal Paradou :
Donc vous nous avez annoncé le chiffre clé, nous sommes 300 millions, c’est mieux ? C’est moins bien ?

Alexandre Wolff :
C’est mieux c’est mieux, effectivement, il y a une progression qui d’ailleurs confirme celle qu’on avait constatée il y a quatre ans, environ de 10% à l’échelle mondiale mais ce qui est important de distinguer dans cet espace francophone très vaste sur les cinq continents, c’est qu’il y a une partie de ses locuteurs qui sont d’usage quotidien du français. On peut résumer ça par un certain nombre d’exemples : ce sont ceux qui l’utilisent au travail, qui l’utilisent à travers les médias, qui ont une socialisation en français, qui bien sûr l’apprennent à l’école et qui donc constituent un peu le cœur de la francophonie, les locuteurs quotidiens de français. Et eux sont à peu près 80% de cet ensemble de 300 millions et surtout 60% d’entre eux sont sur le continent africain, ça c’est une évolution qui se confirme par rapport aux études précédentes.

Pascal Paradou :
Et si on se projette un petit peu dans cinquante ans ils seront 80% les francophones africains ?

Alexandre Wolff :
Oui absolument la tendance devrait se confirmer, sous réserve d’un certain nombre de conditions qu’on aura peut-être le temps d’évoquer mais effectivement la dynamique est essentiellement africaine pour une raison simple c’est que d’abord la démographie est forte et que de plus en plus d’élèves se rendent à l’école et apprennent en français et le français.