Brésil : Altamira, la ville-champignon du Barrage de Belo Monte

19'30" - Première diffusion le 16/05/2013
Depuis l'ouverture du chantier en 2011, la prostitution a explosé à Altamira. En début de mois, lorsque la paie tombe, plusieurs milliers d'ouvriers déferlent sur la ville. Poussées par la misère, des mineures travaillent dont des conditions proches de l'esclavage moderne dans certaines maisons de passe. La ville a grandi trop vite et le nombre de crimes est exponentiel. Le trafic de crack a envahi les favelas. Faute d’effectifs suffisants les policiers de l’unique commissariat en charge des 160 000 habitants d’Altamira sont impuissants à endiguer le phénomène.
Malgré des conditions de travail très dures, les émigrés qui viennent ici tenter leur chance continuent d'arriver à Altamira. Les 15 000 ouvriers du barrage multiplient les actions de protestation mais le constructeur, Norte Energia, se montre intraitable. Et en dépit de l'opposition des Indiens, le chantier avance. « On sait bien qu'on ne peut pas empêcher la construction du barrage, c'est un projet du gouvernement fédéral. Nous luttons pour obtenir une indemnisation » argumente un représentant de la tribu des Kayapos. Car il s’agit bien d’une bataille entre le gouvernement fédéral, qui soutient que le barrage de Belo Monte pourra générer plus de 10 % de l’électricité dont le Brésil aura besoin d’ici 2020, et les autorités régionales de l’État du Pará, qui exigent en retour la réhabilitation des zones dégradées par la retenue d’eau. Marcello Salazar, directeur de l'Institut socio-environnemental d'Altamira craint que « ce qui se passe ici va se reproduire ailleurs en Amazonie ... D'un côté, il y a énormément d'argent et de personnes qui travaillent sans relâche, mais de l'autre, les projets sociaux et les d'alternatives économiques pour les Indiens, les bûcherons et la nouvelle population, tardent à être mis en place ». En attendant que les premières turbines commencent à tourner d’ici deux ans, les habitants de la région, amers, en paient le prix fort.
Pour en savoir plus :
- Le site du mouvement mouvement Xingu Vivo.
- Le site de l’Institut Socio-Environnemental (lSA).
- La page de Ruspo, le chanteur brésilien, dont la chanson Altamira illustre le Grand Reportage.
发布时间 03/08/2016 - 更改时间 10/08/2017 - 按作者François Cardona