
L'Inde renonce à fabriquer le Rafale
Avec notre correspondant à New Delhi, Sébastien Farcis
L'Inde a définitivement enterré le méga-contrat de 126 avions de chasse Rafale. C'est en tout cas ce qui ressort des récentes déclarations du ministre indien de la Défense. New Delhi était entré il y a trois ans dans une négociation exclusive avec le fabricant Dassault, afin d'acheter ses chasseurs. 18 devaient être construits en France et 108 en Inde. Mais lors de sa visite en France en fin de semaine, le Premier ministre indien Narendra Modi a créé la surprise en annonçant que son gouvernement allait acheter 36 Rafale de manière directe. La fin annoncée de ce qui a longtemps été appelé le contrat du siècle.
L'objectif de l'appel d'offres, lancé il y a huit ans, était double : renouveler près d'un cinquième de la flotte de chasseurs et acquérir la maîtrise de cette technologie de pointe. Le résultat est pathétique, selon le ministre indien de la Défense. Les négociations sont en plein chaos et entrées dans une spirale destructrice.
L'Inde tardait à mettre en place le réseau de sous-traitants qui devaient fournir les pièces du Rafale. Dassault refusait de se porter garant des avions fabriqués à Bangalore, et ces désaccords ont fait monter la facture, estimée à plus de 17 milliards d'euros. Le ministre est catégorique : les futurs achats se feront uniquement de gouvernement à gouvernement.
Une solution qui devrait satisfaire l'armée de l'air indienne, selon Samir Patil, spécialiste défense pour le centre de recherches Gateway House : « la production d'un avion aussi perfectionné que le Rafale nécessitait d'importants investissements, et cela a retardé toute la procédure. Ces retards n'étaient pas acceptés par l'armée de l'air, dont la flotte est déjà très réduite. Elle faisait donc pression pour augmenter la part de l'importation dans les achats d'équipement militaire. »
Les premiers Rafale commandés le 11 et 12 avril 2015 devraient être livrés en 2017. Mais ces 36 avions ne seront pas suffisants pour combler les manques de l'armée. D'autres commandes, à Dassault ou ses concurrents, sont donc attendues.
Publicado em 28/02/2017 - Modificado em 03/02/2021