Conflit en Irak: le Kurdistan joue sa partition pétrolière

Première diffusion le 20/06/2014
En Irak, le Kurdistan joue de plus en plus sa partition pétrolière. La région autonome kurde profite de l'affaiblissement de l’État irakien depuis l'avancée des jihadistes de l'EIIL. Déjà riche en pétrole, le Kurdistan contrôle désormais le gisement historique de Kirkouk que ses peshmergas ont protégé contre les jihadistes, faute d'une défense efficace des soldats irakiens. Depuis, les autorités d'Erbil n'ont pas perdu de temps, elles viennent de bâtir un nouveau tronçon entre ce champ de Kirkouk et leur propre oléoduc !
Ce premier oléoduc kurde entré en fonction au mois dernier, était déjà un défi aux autorités de Bagdad, dont les propres canalisations de pétrole avaient été sabotées par les jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). De quelques camions de pétrole kurde qui passaient la frontière turque sans l'aval des autorités de Bagdad, on est désormais passé à une autre échelle, 100 000 à 120 000 barils par jour (et 400 000 barils par jour à la fin de l'année annonce déjà le gouvernement autonome kurde).
Ces barils qui échappent à la comptabilité de la société nationale irakienne ont mis en furie le gouvernement de Bagdad, qui a diminué ses reversements à la région autonome, et qui attaque la Turquie devant la justice commerciale internationale. La Turquie, ironie de l'histoire, soutient les Kurdes irakiens : elle a accepté de stocker le pétrole kurde séparément du pétrole irakien dans son port de Ceyhan, où déjà deux tankers ont été chargés pour être vendus à l'export. Menacés de représailles par les autorités irakiennes, les acheteurs semblent se faire prier pour l'instant : le premier navire de pétrole kurde a erré jusqu'au Maroc sans trouver preneur à ce jour et sa cargaison serait à vendre à moitié prix. Pourtant, le gouvernement turc annonce qu'un troisième tanker de pétrole kurde pourrait prendre la mer dimanche prochain.
Publicado em 28/01/2016 - Modificado em 28/01/2016 - Por Claire Fages