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Extrait de Alors on dit quoi du 12 octobre 2019
Diara Ndiaye : On va à présent à la rencontre de Syra Sylla, basketteuse. Aujourd’hui, elle a plusieurs casquettes dont celle de journaliste et fondatrice du podcast Women Sports Stories. On en parle avec elle tout de suite. Bonjour Syra.
Syra Sylla : Bonjour.
Diara Ndiaye : Alors, depuis le début de l’émission, on parle de la carrière des sportifs de haut niveau. À quel niveau vous, vous avez évolué dans le basket ?
Syra Sylla: Alors, moi, je fais du basket depuis une vingtaine d’années et j’ai joué à un niveau semi-professionnel. Donc, c’est… c’est de la Nationale 3, c’est juste au-dessus des niveaux régionaux, etc. Et juste avant d’être considéré comme professionnel.
Diara Ndiaye : Vous avez arrêté ou alors vous continuez ?
Syra Sylla : Non, je joue encore aujourd’hui.
Diara Ndiaye : Vous jouez encore ? Dans quel club ?
Syra Sylla : À un plus bas niveau. J’ai créé un club de basket féminin dans le 20e arrondissement qui s’appelle le Paris Lady Basket et du coup, je joue là-bas.
Diara Ndiaye : Et si vous deviez retenir un souvenir peut-être de cette époque…
Syra Sylla : J’en ai tellement ! Mais je pense que les meilleurs moments que j’ai passés, c’est quand je faisais des tournois l’été avec des amis, qu’on bougeait un peu partout en France, même à l’étranger pour jouer au basket.
Diara Ndiaye : Et quand on évolue justement en semi-pro… alors, semi-pro, il y a quand même un encadrement particulier comme les pros ou c’est vraiment plus proche du volet amateur ?
Syra Sylla : Alors, c’est… Ça reste de l’amateur, dans le sens où on ne s’entraîne déjà pas tous les jours. Déjà, on n’est pas payé, on n’est pas salarié. Ensuite, on ne s’entraîne pas tous les jours, ça reste deux entrainements par semaine plus les matchs. Et même au niveau de l’encadrement, c’est vraiment… ça reste quand-même du niveau très amateur.
Diara Ndiaye : Et aujourd’hui, c’est terminé ? Vous n’avez pas essayé d’évoluer dans le statut pro ?
Syra Sylla : Non, j’aurais aimé être pro un jour mais je crois que c’était un grand rêve. Et à défaut d’avoir évolué en pro, j’ai été journaliste et je suis toujours journaliste sportive spécialisée dans le basket. Et du coup, j’ai eu beaucoup affaire aux pros que ce soit hommes ou femmes et donc, j’ai des amies qui jouent en tant que joueuses pro et du coup, c’est ma façon de côtoyer…
Diara Ndiaye : … le monde des professionnels du basketball. [rires]
Syra Sylla :… le monde des professionnels.
Diara Ndiaye : Parlons justement de cette reconversion. Vous êtes devenue journaliste. Alors, comment est née cette vocation ? Comment est née cette passion finalement ?
Syra Sylla : Alors, c’est né… c’est, c’est venu de nulle part parce que j’étais… je faisais des études pour être ingénieure informatique. Donc, j’étais en école d’ingénieurs. Et moi, je me suis mise au basket, je me suis prise de passion vraiment pour le basket. Donc je jouais vraiment tous les jours, je faisais des tournois, etc. Et quand il y a eu la période des blogs - quand Internet est arrivé, qu’il y a eu les blogs, etc – j’écrivais sur tous mes déplacements, je racontais un peu nos tournois qu’on faisait, les rencontres que je faisais également. Et j’ai des amis - qui avaient un site Internet et qui s’est transformé en magazine papier – qui m’ont demandé d’écrire sur ces péripéties liées au basket. Et petit à petit, j’ai commencé à me créer un réseau au niveau des joueurs, à rencontrer beaucoup de joueurs professionnels et de joueuses professionnelles et donc j’ai fini par devenir journaliste sportive.
Diara Ndiaye : On en arrive à Women Sports Stories, un beau projet. J’ai regardé… j’ai écouté quelques podcasts…
Syra Sylla : Cool ! [rires]
Diara Ndiaye : …notamment le dernier, super intéressants. Et pour être plus précise, c’est un podcast présenté par vous-même et qui donne la parole aux sporti-ves.
Syra Sylla : C’est ça !
Diara Ndiaye : Uniquement.
Syra Sylla : Très important !
Diara Ndiaye : De haut-niveau.
Andréa Delprat : C’est ça !
Diara Ndiaye : Alors, les femmes n’ont pas assez la parole ?
Syra Sylla : Alors, moi je trouve que non. Je trouve qu’on parle beaucoup et assez facilement de sportifs qui marquent leur sport, à raison hein, qui ont des performances assez folles. Et je trouve que quand c’est une femme, on n’en parle pas assez, en fait. Et du coup, j’ai créé mon podcast qui est dédié aux sporti-ves de haut niveau et dans lequel je leur donne la parole.
Diara Ndiaye : Et quelle est l’ambition finalement du podcast au-delà de donner la parole aux femmes ? Qu’est-ce que vous souhaitez mettre en lumière ?
Syra Sylla : Alors, c’est… donc déjà, c’était de donner la parole à ces sportives et ensuite c’était… Moi, je trouve qu’on minimise un peu le métier de sportive de haut niveau – parce que c’est un métier – et souvent, on entend dire : « Ah, c’est leur passion. Elles sont payées pour ça. Il n’y a pas de galère ! ». Alors que, derrière ça, il y a du travail. Elles sont… enfin, elles s’entraînent tous les jours. Il y a des sacrifices aussi, [qu’ils soient] familiaux… enfin, il y a plein… je pense qu’il y a plein de femmes sportives qui ont mis de côté leur ambition au niveau familial pour pouvoir évoluer dans leur sport. Il y a vraiment beaucoup de travail et de sacrifices qui sont faits pour pouvoir atteindre le sport de haut niveau. Et je trouve que les gens ne s’en rendent pas forcément compte. Et quand on me raconte aussi… quand je parle avec mes amies qui sont sportives, je vois bien qu’autour d’elles, les gens ne se rendent vraiment pas compte de ce que ça demande de….
Diara Ndiaye : … de ce que ça représente..
Syra Sylla : … d’évoluer vraiment au haut niveau, quoi !
Diara Ndiaye : Et quel serait pour vous l’aboutissement de projet ? De ce beau projet…
Syra Sylla : Alors, je ne sais pas si il y a un aboutissement parce que, du coup, il y a tellement d’histoires à raconter que l’idée c’est que…
Diara Ndiaye : … de poursuivre…
Diara Ndiaye : … voilà, que ça se poursuive. Après, j’aimerais bien peut-être développer, peut-être recevoir d’autres personnes qui ne sont pas forcément sportives mais qui sont liées au milieu du sport de haut niveau – peut-être des médecins pour expliquer justement ce qui a trait au haut niveau. Et puis, peut-être aussi faire des documentaires vidéo parce que je pense qu’avec l’image, on se rend mieux compte de ce que c’est… de tout ce que ça demande et du travail que c’est.