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Revue de presse française du 18 mars 2020
Nathalie Amar :
Mais d’abord la revue de presse française, bonjour Frédéric Couteau.Frédéric Couteau :
Bonjour, Nathalie, bonjour à tous.Nathalie Amar :
Et à la une des journaux ce matin, bienvenue à la maison.Frédéric Couteau :
Eh oui, on y est. Chez nous. Du moins une immense majorité de Français confinés à domicile, depuis hier, en raison du coronavirus. Situation inédite, étonnante, reposante pour certains, stressante pour d'autres...« Les Français, groggy, découvrent que l’ennemi qu’ils imaginaient virtuel est à leurs portes ; et leur interdit de sortir, s'exclame Le Figaro. Opéras, ballets, concerts, expositions, pièces de théâtre, cinéma, le spectacle est terminé. Ne circulez plus, il n’y a rien à voir : telles sont les consignes. Le confinement sonne le glas d’une civilisation axée sur les loisirs à gogo, les voyages, les soirées insouciantes entre amis. »
Et Le Figaro de s'interroger : « Que faire lorsque toute vie sociale est prohibée ? Et bien apprendre, réapprendre à vivre ; autrement. Avec soi-même, avec ses proches. Épreuve de vérité. Sous le choc de cette déflagration historique, bien des choses vont changer, pointe le journal. La première contrainte, c’est de prendre, de reprendre son temps. Le temps de parler, de regarder, d’écouter. Dans un univers désormais clos, des activités oubliées vont retrouver grâce, des gestes simples : lire, écrire, bricoler, jouer d'un instrument, cuisiner ; et, pourquoi pas, réfléchir. Bref, conclut Le Figaro, d’une manière ou d’une autre, une occasion unique nous est donnée de nous cultiver ; nous-même ou notre jardin. »Nathalie Amar :
Et paradoxe, relève Libération, Frédéric, cette solitude forcée nous montre combien nous sommes des animaux sociaux...Frédéric Couteau :
Oui. « Cet enfermement provisoire met en lumière le rôle soudain décisif de la société représentée et organisée par son État, pointe Libération dont chacun, empêché d’agir, dépend désormais presque entièrement. L’État qui édite les règles sanitaires pour limiter les pertes humaines, l’État qui lutte contre le virus grâce à des services publics dont on redécouvre l’utilité précieuse, l’État dont on ne déplore plus les coûts excessifs mais qu’on presse au contraire de dépenser sans compter pour aider l’hôpital public, pour garantir la sécurité, pour voler au secours des plus faibles, pour maintenir autant que possible le fonctionnement normal de la vie économique. Ce sera peut-être la grande leçon de cette crise, estime Libération. À la hausse : les valeurs d’action collective. À la baisse : le "chacun pour soi" des sociétés contemporaines. On pressent un tournant historique qui réhabilitera la société, loin de l’utopie épuisée de l’individu roi. »Nathalie Amar :
« Chacun chez soi, mais tous ensemble », renchérit La Provence.Frédéric Couteau :
« Les bandes de copains, les parents, les collègues, les amants s’apprêtent à se séparer pour un temps que personne ne sait encore exactement évaluer et il en faut des liens, de la chaleur humaine et de l’amour, pour s’accompagner dans cette étrange aventure. On s’envoie des blagues par Internet, des montages photo. On fabrique des emplois du temps aux enfants. On parle de la fête, qui sera forcément la plus belle en fin de confinement, on parle de ce moment où nous nous retrouverons avec nos barbecues de printemps, nos terrasses, nos comptoirs, nos librairies, nos théâtres, nos restaurants préférés. Mais, mais en attendant, soupire La Provence, on se replie, on se retranche à l’intérieur. Les journées seront longues, et mornes sans doute parfois. Mais à 20 h, à nos fenêtres, sur nos balcons, nous pouvons chaque soir nous retrouver quelques instants, pour applaudir les soignants, leur dévouement, leur courage, leur sens de l’éthique et leur expertise. »Nathalie Amar :
« Et désormais, plus rien ne sera comme avant », affirme pour sa part La Charente Libre.Frédéric Couteau :
« Pour notre vie d’abord et celle de nos proches. Balayées, nos certitudes sur la guerre, ici n’existant que dans nos livres d’histoire. Que la mort qui rôde c’est là-bas, loin de nous et au cœur d’autres civilisations. L’enfer n’est pas l’ailleurs, il s’invite à notre table, pointe La Charente Libre, dans les caresses de notre enfant comme dans les baisers aux grands-parents. Et tout ce qui était impossible hier devient vital aujourd’hui. L’économie ne pouvait pas ralentir pour sauver la planète, elle doit s’arrêter pour sauver ses habitants, s'exclame le quotidien charentais. La dette était un chiffre à maîtriser, et bien la laisser filer devient notre salut. La croissance est déjà un vieux souvenir. Un monde s’éteint pour permettre de nous réveiller. Ce n’est pas un pays qui se met en quarantaine. C’est toute une idée qui s’en va, conclut La Charente Libre. Celle obsédée par les biens mais qui oublie d’investir sur les liens les plus précieux. L’air que nous respirons, les soins que nous nous partageons. Qu’allons-nous faire de tout ça ? » - Glossário
Le confinement : ne circulez plus, il n'y a rien à voir ; prohibé/prohibée ; la solitude ; un enfermement ; empêché/empêchée ; se replier ; se retrancher ; une quarantaine.
La fin : sonner le glas ; clos/close ; balayé/balayée ; s'éteindre.
La nouveauté : inédit/inédite ; retrouver grâce.
Le choc : une déflagration ; un tournant ;
La société : un animal social ; le chacun pour soi ; l'individu roi ; les liens ; le dévouement ; l'éthique; l'expertise.