Reportage France du 19 mars 2018

Frédéric Delord :
Voyez, là, avant, il y a 300 000 ans, voyez :  y’a un fond plat, c’était un glacier. Et le glacier…

La journaliste :
Nous sommes sur le plateau du Bénou, dans les Pyrénées-Atlantiques. Au loin, des montagnes grises et blanches se découpent du ciel bleu.

Frédéric Delord est accompagnateur en montagne. Il explique à un groupe de randonneurs comment reconnaître les rapaces de la région.

Frédéric Delord :
On attaque sur celui-là : le gypaète barbu [rires]

La journaliste :
Ce sont des paysages de carte postale, des prairies verdoyantes. Ici et là, des moutons ou des vaches broutent paisiblement. [bruit de cloches]

Mais la chimie est arrivée jusqu’à ce coin de paradis. De nombreux éleveurs épandent des pesticides sur les prairies pour se débarrasser d’un rongeur envahissant, explique Étienne Farrand, technicien agroécologie du Parc national des Pyrénées.  

Étienne Farrand :
C’est des pullulations d’un petit rongeur qui s’appelle le campagnol terrestre, ou le rat taupier, qui abîme le foin, parce que ça consomme les racines des plantes en fait, donc ça diminue les quantités de foin. Et surtout, ça fait plein de petites taupinières, et ça met de la terre dans le foin quand on fauche.

Et alors, pour l’exploitation laitière, c’est une catastrophe, hein. Ça fait des fromages qui peuvent exploser par exemple. Parce que ça favorise un ferment qui se met à fermenter dans le foin, et voilà quoi.

Et la réponse immédiate sur les problèmes de campagnols, c’est d’empoisonner et ça, c’est très défavorable pour l’environnement, voilà quoi.

La journaliste :
Les pesticides n’empoisonnent pas seulement les rongeurs, souligne Frédéric Delord, mais aussi les rapaces qui les mangent.

Frédéric Delord :
Si le rapace, le milan par exemple, mange dix campagnols qui sont infestés de pesticides, ça fait que les œufs vont être plus fragiles, il va y avoir un échec à la ponte et la reproduction va être – échec à l’envol – va être ratée, du coup, l’espèce peut diminuer, dû à cette pollution des sols.

La journaliste :
Pour préserver la biodiversité des Pyrénées, les techniciens du Parc aident les agriculteurs et éleveurs à trouver des alternatives aux pesticides. Étienne Farrand.

Étienne Farrand :
On favorise le piégeage nous, en tant que structure, le Parc là. On essaye de financer des piégeurs qui vont piéger mécaniquement les rats taupiers, dans les galeries, à la pince, plutôt que faire de l’empoisonnement.