Extrait du Journal en français facile du 07 octobre 2020

Sylvie Berruet :
On continue de présenter les lauréats des prix Nobel dans le Journal en français facile.

Romain Auzouy :
Oui, lundi c'est la médecine, hier la physique, et aujourd'hui la chimie. 

Et les lauréats sont des lauréates : une Française et une Américaine. Toutes deux ont travaillé sur un système qui permet de modifier les gènes humains. C'est une avancée révolutionnaire : on appelle cela les « ciseaux » ou en termes scientifiques, tenez-vous bien Sylvie, Crispr-Cas-9.  Simon Rozé nous en dit plus.

Simon Rozé :
Crispr-Cas-9 est un outil qui permet de retirer un bout de génome pour le remplacer par un autre. Sa découverte en 2012 a ouvert tout un champ de possibilités. Utilisé tous les jours en recherche fondamentale, il permet de facilement observer l’effet de tel ou de tel gène pour comprendre comment fonctionnent les mécanismes cellulaires. 

De manière appliquée, cette technique ouvre également la voie à ce qu’on appelle la thérapie génique, pour lutter contre le cancer, le VIH ou même Alzheimer en allant réparer en quelque sorte les gènes responsables de ces maladies. 

Et forcément cette puissance peut conduire à des dérives, notamment tout ce qui concerne la recherche sur les embryons humains. Il y a deux ans He Jiankui, un chercheur chinois avait annoncé avoir donné naissance à deux jumelles génétiquement modifiées. Une annonce qui avait suscité un tollé de l’ensemble de la communauté scientifique internationale et ses travaux ont par la suite été suspendus. 

Crispr-Cas-9, ces ciseaux génétiques sont donc très puissants, mais ils ne sont pas dangereux en eux-mêmes. Comme tous les outils, tout dépend de l’utilisation qu’on en fait et c’est cela qu’a récompensé le comité Nobel en remettant son prix à Jennifer Doudna et Emmanuelle Charpentier.