
Pourparlers de paix pour le Yémen: accord sur Hodeïda et après ?
C'est le numéro un de l'ONU, Antonio Guterres, qui a annoncé ce progrès, après avoir rejoint les délégations ennemies pour leur ultime séance de travail, près de Stockholm, la capitale suédoise. L'accord sur Hodeïda prévoit un cessez-le-feu et le retrait des forces en présence : les rebelles houthis qui contrôlent actuellement la ville et les forces loyalistes qui se battent depuis des mois pour reprendre cette localité stratégique. « Les Nations unies joueront un rôle clef pour le port d'Hodeïda, assure Antonio Guterres, cela facilitera l'accès à l'aide humanitaire et alimentaire pour la population civile. Cela améliorera les conditions de vie de millions de Yéménites ».
Joint par RFI, le porte-parole du Programme alimentaire des Nations unies (PAM), Hervé Verhoosel espère que cet accord « va permettre au secteur privé et aussi aux humanitaires de venir plus facilement au port de Hodeïda ». Le PAM fournit actuellement de la nourriture à 8 millions de Yéménites, le chiffre devrait bondir à 12 millions fin janvier, « c’est vous dire que nous avons besoin de paix à Hodeïda et que le port [doit fonctionner] à plein régime », ajoute Hervé Verhoosel.
Ce jeudi en Suède, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a également indiqué que les frères ennemis yéménites s’étaient entendus pour faciliter l’accès humanitaire à la ville de Taëz, ravagée par les combats.
Avant même l’ouverture de ces consultations sur le Yémen – les premières depuis 2016 – les belligérants avaient conclu un accord de principe sur un échange de prisonniers. S’il entre en vigueur, 15 000 personnes en tout pourraient retrouver la liberté.
Mise en œuvre
Le principal point d’interrogation concerne désormais la mise en œuvre de ces points, dans un pays dévasté par quatre ans de guerre qui ont fait environ 10 000 morts et menacent jusqu'à 20 millions de personnes de famine.
Antonio Guterres et l’envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen, Martin Giffiths, donnent un nouveau rendez-vous aux deux délégations : elles devraient se retrouver fin janvier 2019 dans un lieu qui n’a pas encore été annoncé.
Ces prochaines consultations pourraient porter notamment sur la situation à Sanaa la capitale, où les rebelles qui contrôlent la ville demandent la réouverture de l'aéroport aux avions civils.
Mais la paix au Yémen ne pourra revenir qu'avec un accord politique impliquant les puissances régionales, à commencer par l'Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis, principaux belligérants au sein de la coalition entrée en guerre en mars 2015 pour soutenir le gouvernement yéménite.
Conséquence de l’affaire Khashoggi
L'Arabie saoudite exprime son « soutien déterminé » à l'accord conclu ce jeudi en Suède. C’est pourtant sous la pression que Riyad a donné son feu vert à cette relance des efforts de paix au Yémen. L’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en octobre à Istanbul a soulevé une vague d’indignation internationale et a exaspéré les alliés occidentaux de l’Arabie saoudite. « Ce qui a été annoncé aujourd'hui, c'est en grande partie suite au meurtre de Khashoggi, confirme Radhya Almuttawakel de l’organisation yéménite de défense des droits de l’homme Mwatana, jointe par RFI. Soudain, beaucoup d'attention était donnée au Yémen. Sur le terrain, rien n'a changé qui aurait pu accroître la pression, ce qui a changé c'est la situation internationale ».
Le résultat de ces consultations de paix pour le Yémen sera présenté ce vendredi au Conseil de sécurité à New York.
النشر بتاريخ 04/03/2021 - التعديل بتاريخ 05/03/2021